Dans les années 80, Rochefort réhabilite la Corderie Royale, ancienne manufacture de cordage de la Marine du Roi Soleil classée au titre des monuments historiques depuis 1967. Bernard Lassus, architecte paysagiste, en aménage les abords et conçoit le Jardin des Retours. Faisant partie des Grands projets présidentiels de François Mitterrand en région, c’est une œuvre reconnue internationalement.

En 1982, le paysagiste Bernard Lassus et son équipe sont lauréats du concours pour l’aménagement du site de la Corderie Royale de Rochefort-sur-Mer. Simultanément à la rénovation du bâtiment historique, Bernard Lassus conçoit un projet paysager ambitieux. Alors que l’arsenal, fermé depuis 1926, coupait la ville de La Charente, il offre aux habitants un vaste parc urbain qui ouvre la ville sur la mer.

C’est également un parcours dans le temps par lequel est conçu le projet paysager. Depuis le XVIIe siècle, la ville de Rochefort arme la marine française pour la conquête des Amériques. À leur retour, pour ne pas faire naufrage, les navires sont lestés et chargés d’espèces végétales provenant de Virginie ou du Canada, transformant la fonction militaire de Rochefort en un « port de terre ». L’évocation poétique de cette épopée botanique structure le projet du Jardin des Retours.

En prenant l’exemple du jardin des retours, Michel Gallice, directeur du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de la Charente-Maritime, et Jean Richer, Architecte des Bâtiments de France, ont souhaité questionner plus globalement le rapport patrimonial entre un monument historique et son jardin, que celui-ci soit contemporain ou non de la construction du bâtiment. Dans le cas où seul l’édifice est protégé au titre des Monuments Historiques, tandis que le jardin ne profite d’aucun classement, leur protection respective et la dissociation de ces deux œuvres interroge.